Pazyryk : Un tapis de 25 siècles

 

Entre 1947 et 1954, Sergueï Ivanovitch Rudenko fut envoyé dans les Monts de l’Altaï en Sibérie par l’Institut d’archéologie soviétique pour y étudier les Kourganes des nomades scythes. Un kourgane est un tumulus des steppes d’Asie centrale. Il s’agit de monticules, de tertres, voire de collines artificielles, recouvrant une tombe. A cet endroit, nombreux sont les vestiges archéologiques : les nomades scythes ont laissé des tombes très richement pourvues de matériel, parfois très bien conservés, ainsi que des stèles anthropomorphes et des roches gravées de motifs animaliers. Cette civilisation est considérée par une majorité de chercheurs comme étant à l’origine des peuples indo-européens.

Lors des fouilles archéologiques de la vallée de Pazyryk, Sergei Ivanovitch découvrit ces kourganes de chefs nomades dans un état de conservation surprenant. Parmi d’autres objets et vestiges splendides qui avaient échappé aux ravages du temps, l’archéologue parvint à libérer le plus ancien tapis de laine. Prisonnier d’un bloc de glace durant des siècles, le tapis de Pazyryk est resté dans un état de conservation exceptionnel. Selon le spécialiste russe, les tombes ont probablement dû être ouvertes par des pilleurs vers le IV ou IIIe siècle avant JC, l’eau s’est infiltrée en été lors de la fonte des glaces puis les blocs qui se sont formés pendant l’hiver ont enfermé les précieux textiles et les ont protégé et conservé jusqu’à leur découverte en 1949. Daté d’environ 25 siècles, le célèbre tapis à point noués mesurant 1m98 sur 1m83 possède déjà un haut degré de perfection artistique et artisanale.

Son existence prouve que les débuts de l’art du tapis et le tissage de la laine remontent au moins à la première moitié du Ier millénaire avant J.-C. Il ressort de découvertes et de sources écrites que l’on utilisait également des tapis et applications de feutre qui se rattachaient, surtout en Asie orientale, à une tradition séculaire.

Les archéologues du monde entier ont fait de nombreuses interprétations des dessins géométriques et floraux de ce tapis généralement daté du ve siècle av. J.-C, (bien que des études récentes au carbone 14 le datent autour de -328 à -200 av. J-C). Les influences semblent nombreuses. Les motifs du tapis retracent l’errance des cavaliers des steppes qui entretenaient des relations avec des cultures éloignées. On a d’ailleurs retrouvé, dans le caveau, des objets en soie et en bronze provenant de l’autre côté de la muraille de Chine. et qui pourraient confirmer cette origine.

 

Certains, comme l’archéologue russe Sergueï Ivanovitch Rudenko, pensent qu’il a une origine persane. Il aurait été fabriqué au cours de l’empire perse au quatrième ou cinquième siècle av. J.-C. D’autres considèrent qu’il est le produit des Scythes. Mais la bordure du tapis formée de griffons, symboles d’immortalité, confirmerait plutôt l’influence chinoise…

Aujourd’hui, le tapis Pazyryk, dit du “Kourgane no 5″ ou “Tapis du Gorno-Altaï”, est considéré comme un des plus vieux tapis de laine au monde encore conservé. Il est exposé au Musée de l’Ermitage à St Pétersbourg.

 

 

Sources : Les Routes de la Laine-Jacques Anquetil (Ed.JC.Lattes) / Wikipedia

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