Le bleu est la couleur préférée des occidentaux. Omniprésente et consensuelle, cette couleur discrète et raisonnable ne fait pas de vagues et met tout le monde d’accord. Mais cela n’a pas toujours été le cas…

 

 Objet d’un véritable désintérêt

 

Bien qu’omniprésent dans la nature, nos ancêtres ont longtemps ignoré le bleu, voire méprisé, certaines cultures n’ayant pas de mot pour le décrire. Le bleu n’est présent ni dans les grottes paléolithiques ni au néolithique, lorsque apparaissent les premières techniques de teinture.
Dans l’Antiquité, le bleu n’est pas vraiment considéré comme une couleur; seuls le blanc, le rouge et le noir ont ce statut.
Seule exception : l’Egypte pharaonique pour laquelle le bleu est une couleur bénéfique qui éloigne les forces du mal . Le “bleu égyptien” fut le premier pigment créé par l’homme. Apparu il y a cinq millénaires en Égypte et en Mésopotamie, il a longtemps fait l’objet d’un monopole et d’un commerce prospère dans le bassin méditerranéen. (En savoir plus sur le Bleu Egyptien)

 

Le Bleu, une couleur difficile à maîtriser

 

C’est probablement la raison pour laquelle le bleu n’a pas joué de rôle dans la vie sociale, religieuse ou symbolique de l’époque.  A Rome, c’est la couleur des barbares, des Celtes et des Germains.  Les yeux bleus pour une femme sont un signe de mauvaise vie. Pour les hommes, une marque de ridicule. Le lexique des bleus en latin est instable, imprécis. Les couleurs dignes sont le blanc, le rouge, le noir ou le jaune.  Chez les grecs, l’absence du bleu dans les textes anciens a amené certains philosophes du XIXe siècle à croire que les yeux des Grecs ne pouvaient le voir !
A l’exception du saphir, pierre préférée des peuples de la Bible, il y a peu de place pour le bleu dans la religion.

 

Réhabilitation au XIIe et XIIIe

 

A cette époque, on observe un changement profond des idées religieuses. Les théologiens s’interrogent sur la lumière, ils différencient dorénavant la lumière divine et la lumière terrestre. Le dieu des Chrétiens devient un dieu de lumière… et la lumière est bleue !
La Vierge habite le ciel… Dans les images, à partir du XIIe siècle, on la revêt donc d’un manteau ou d’une robe bleue.  A tel point qu’en Europe, au Moyen-Âge, lorsque qu’apparaîssent les premiers trousseaux, , le bleu, couleur divine de la Vierge Marie, est associé aux filles tandis que le rose, qui n’est qu’un rouge pâle, est dévolu aux garçons. Le bleu éclate dans les vitraux gothiques, les émaux et s’avère alors essentiel. Le ciel devient bleu. Il devient royal. Parallèlement, le besoin de classification apparaît. Les noms de familles et les armoiries sont créés mais les combinaisons de 3 couleurs sont limitées. On y ajoute alors le bleu, le vert et le jaune. L’azur représente 30% des armoiries en 1400 contre 5% en 1200.
Le bleu devient la couleur légendaire du Roi Arthur, l’aristocratie est convaincue puis la bourgeoisie. A la fin du Moyen-âge, les attributs divins deviennent bleus .

 

Le bleu triomphe au XVIIIème

 

Le bleu est réhabilité, devient une couleur morale puis triomphe au 18ème. La triade rouge/jaune/bleu , futures couleurs primaires, est créée et le bleu est à la mode. Il s’impose en politique et dans l’armée. Un pharmacien de Berlin apporte la diversité aux peintres et teinturiers en imaginant le bleu de Prusse. Puis en 1850, le bleu atteint son apogée grâce à la création du jean par Levi Strauss.

 

Influence du bleu

 

Le bleu ne fait pas de vagues et emporte l’adhésion de tous. Par là même, il a perdu sa force symbolique. La musique du mot est calme, atténuée : bleu, blue, en anglais, blu, en italien… C’est liquide et doux. On peut en faire un usage immodéré.
La couleur est relaxante, calme et apaise. Évoque la paix, l’introspection et apporte la tranquillité favorable à l’inspiration. Le bleu chasse le stress et incite à la réflexion, même s’il peut parfois mener à la mélancolie. Il invite l’autre à écouter et incite à l’échange. Le bleu est symbole de vérité, comme l’eau limpide qui ne peut rien cacher.
Il favorise le sommeil. Des scientifiques chinois ont montré qu’il faisait diminuer notre pression artérielle, notre rythme cardiaque et respiratoire. Au bureau, il nous incite à garder la tête froide. En favorisant l’imagination, c’est aussi le meilleur allié des artistes.  Idéal pour tout le monde, le bleu ? Pas vraiment : en favorisant le repli sur soi , il a tendance étouffer la communication et peut être déconseillé  aux personnes déprimées.

Symboles :  la loyauté, sérénité, fidélité, paix – Couleur de la pensée du mental , de l’intelligence et de la logique.

 

Associer la couleur bleue dans un projet tricot…

 

 

Printemps-été 2020 – CELINE

On chasse les idées reçues et on associe le bleu au noir,  les déclinaisons bleutées offrant un souffle d’air frais à nos chères pièces noires. Si l’usage du noir, symbole de pouvoir et d’élégance incarné par le smoking, a fait la renommée du couturier Yves Saint Laurent , il n’hésite pas à l’associer au bleu parfois marine.
Les bleus deviennent alors « durs, denses, nocturnes parfois pétroléens, presque froids, bref, des bleus Saint Laurent, qui resteront sans doute la couleur emblématique du grand couturier » Michel Pastoureau – 1993.

Robe de couleur bleue : Croquis d'Yves Saint Laurent
Musée Yves Saint Laurent – PARIS

 

 

 

Le bleu joue la complémentarité en s’associant aux ors et jaunes. Le blanc et marine classique et ou le rouge et bleu intemporel sont indémodables.  Un bleu glacier associé à l’écru pour la douceur ou un bleu de France et un kaki pour briser les codes… Variée et audacieuse,  la mode est une véritable source d’inspiration et nous guide dans le choix de teintes lors d’un projet tricot.

 

 

 

Trouvez votre composition de bleu préférée

 

Laine dégradé couleur bleu

 

 

 

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